Séance publique du 27 septembre : le rapport Isère Durable n’est que l’arbre qui cache la forêt des renoncements pour les Espaces Naturels Sensibles

Le plan Isère durable que la majorité nous a proposé ce 27 septembre, en plus d’appartenir au passé, s’inscrit dans une histoire, et pas une bonne.

Rapport Isère Durable

Le 17 mars 2022, la majorité nous avait déjà présenté un plan de transition écologique. Un plan flou et peu ambitieux.

Un plan trompeur même. A l’époque en effet la majorité ne nous avait pas communiqué le bilan complet du bureau d’études (pourtant commandé par le Département) intitulé « Suivi de la mise en œuvre et des émissions de gaz à effet de serre ». A cette occasion, nous avions présenté plusieurs amendements, tous rejetés évidemment, dont un entièrement plagié du livre de M. Chriqui, la majorité s’en souvient probablement. La majorité avait répondu que ce bilan était en cours de préparation au moment du vote alors qu’il avait été finalisé un an auparavant. Nous avions donc reçu le bilan complet un mois après le vote, et, surprise, les conclusions étaient les mêmes que les amendements que nous formulions, propositions que la majorité avait balayées. Pour l’écologie pragmatique et non dogmatique, comme la majorité aime le dire, on repassera.

Nous voici en 2024, et nous en sommes toujours au même point.

Enfin pas tout à fait, parce que rien qu’en deux ans les effets du changement climatique se sont fait toujours plus sentir en Isère : accélération de la fonte des glaciers, rupture du lac glaciaire à La Bérarde avec les conséquences que l’on connaît, multiplication des épisodes d’inondation comme à Tullins, intensification et multiplication des épisodes de canicule et je pourrai continuer longtemps cette liste. Alors, le Département est-il la cause ou la solution à tout ? Evidemment que non ! Mais nous disons aujourd’hui à la majorité la même chose qu’il y a deux ans : à la hauteur de ses capacités, le Département doit prendre sa part et ce n’est pas ce que la majorité fait.

Il y a évidemment des choses très bien dans ce rapport Isère Durable, le pack solaire, la rénovation des établissements sociaux et médico-sociaux, on y souscrit, accompagner ce qui se fait déjà à plus petite échelle sur le réemploi, évidemment, et la question de la ressource en eau avoir des élements objectifs c’est très bien, nous serons très attentifs aux actions qui suivront.

Axe 1 : une agriculture et une alimentation locales et de qualité

Un élément sur lequel nous souhaitons particulièrement nous attarder et qui apparait dans ce rapport Isère Durable : le mieux de viande.

Au risque de surprendre la majorité, nous sommes en accord avec cet objectif. En effet, nous ne voulons pas interdire la viande comme la majorité le prétend mais offrir des alternatives pour opérer naturellement une diminution de sa consommation. Mieux, nous pensons que la majorité se rapproche (enfin !) des propositions que nous avons formulées en 2022.

Car la majorité ne doit pas avoir peur de l’affirmer, mieux de viande c’est bien moins de viande dans les assiettes. Si l’on souhaite aller, pour reprendre les mots de la majorité au 100% local et ou bio, il faudra bien réduire la quantité de viande dans les assiettes car la production n’est évidemment pas suffisante en Isère pour en consommer autant.

Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, parce que premièrement cela veut dire qu’il n’y a pas de giga-élevage hors sol en Isère, et deuxièmement parce que la contribution de la production de viande est une grande contributrice d’émissions de gaz à effet de serre. Cela nécessitera, comme nous le proposions en 2022, de proposer chaque jour une alternative de protéine végétale, elle aussi soutiendra nos agriculteurs car iséroise et si possible bio dans les cantines des collèges. Cela conduira donc naturellement à une journée par semaine sans viande ou poisson dans les collèges.

Là où cela nous pose problème, c’est tout ce que cette stratégie ne dit pas ou met de côté. Par exemple, votre rapport mentionne-t-il que, pour la première fois depuis l’introduction des produits bio dans les cantines des collèges, leur part baisse entre 2022 et 2023 ? Alors que parmi les actions qui permettent de lutter contre la chute de la biodiversité, il y a le développement de l’agriculture bio. Or, dans ce domaine, la commande publique a une responsabilité énorme.

Résultat, on a d’un côté une politique de transition modeste alors que cela devrait guider l’ensemble de l’action départementale, et de l’autre on continue à faire comme si de rien n’était.

Alors, le Département est-il la cause ou la solution à tout ? Evidemment que non ! Mais nous disons aujourd’hui à la majorité la même chose qu’il y a deux ans : à la hauteur de ses capacités, le Département doit prendre sa part et ce n’est pas ce que la majorité fait. Résultat, on a d’un côté une politique de transition modeste alors que cela devrait guider l’ensemble de l’action départementale, et de l’autre on continue à faire comme si de rien n’était.

Axe 2 : des territoires et des ressources durables – intervention de Pauline Couvent

L’eau n’est pas une ressource comme une autre. En plus de la symbolique forte qu’elle porte, elle est essentielle à chaque écosystème : sans elle, aucune vie, humaine ou animale, ne peut subsister. Elle fait tant partie de notre vie quotidienne, que nous avons pris l’habitude de ne plus la voir. Pourtant, les sécheresses des années précédentes qu’a connues notre région nous ont rappelé son caractère précieux. Tandis que les épisodes de crues torrentielles qui ont dévasté la vallée du Vénéon nous ont remémoré la dangerosité de cette force que nous pensions avoir appris à maîtriser. Le dérèglement climatique rebat les cartes et nous oblige à nous adapter.

Les conflits d’usage à venir autour de cette ressource changeante seront majeurs, tant les usagers qui dépendent de sa quantité, de sa qualité et de sa maîtrise sont nombreux : agriculteurs, industriels, énergéticiens mais aussi citoyens et associations de défense de la biodiversité. 

La création d’une étude prospective, indiquée dans le rapport Isère Durable, sur la ressource en eau est une démarche indispensable : disposer de mesures scientifiques pour prendre des décisions est ce qui devrait être le point de départ de toutes politiques publiques, et nous le saluons pour cette politique.

De même, nous saluons la création d’un établissement public territorial de bassin (EPTB) qui permet de mettre en place une stratégie coordonnée de gestion de ce bien commun afin de le préserver et d’élaborer des stratégies pour faire face aux défis futurs. Cependant, nous voulons insister sur le fait qu’il est nécessaire que soient pleinement inclus dans les débats et dans les processus décisionnels sur le sujet de l’eau citoyens et associations afin de garantir la transparence et la légitimité des actions entreprises par les pouvoirs publics. Pourquoi ne pas prendre exemple sur la Drôme, qui a organisé des Assises de l’Eau il y a quelques mois? Cet événement a rassemblé environ 200 participants d’horizons variés, dont des représentants d’associations, des acteurs du tourisme et des loisirs, des agriculteurs, des industriels et des élus. 

Pour renforcer cette idée, Pauline Couvent a cité l’un des intervenants de la journée d’information organisée par le département en collaboration avec la préfecture, qui s’est tenue le 25 avril 2024 à Villages du lac de Paladru. Le directeur de la délégation de Lyon de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a souligné que, face à la vulnérabilité des bassins versants et à l’incertitude entourant les solutions envisagées, le risque d’erreur sera élevé, voire inévitable. Cependant, ces erreurs et leurs conséquences seront d’autant plus acceptables si la décision initiale a été prise de manière collective, en impliquant un maximum d’acteurs : économiques, élus et citoyens.

Ainsi, nous regrettons que les comités de concertation n’incluent pas les citoyens et que ces comités n’aient pas un pouvoir de décision quand le sujet dépasse des affaires purement techniques. C’est l’objet de nos demandes plusieurs fois répétées en commission.

Axe 4 une mobilité décarbonée – Intervention de Thierry Badouard

Tout d’abord, nous souhaitons remarquer le travail des services du Département qui ont été grandement mis à contribution ces derniers mois que ce soit dans le Vercors autour de Pont en Royans, à la Bérarde ou à La Rivière. Nous tenons à remercier les agents du Département pour leur promptitude et leur compétence à intervenir lors de ces événements naturels majeurs. 

Le rapport Isère Durable l’indique, le gel, les fortes températures, les précipitations et les événements climatiques importants mettent à rude épreuve les routes du département. Certes. Mais elles le sont également quotidiennement par les longues litanies de camions qui traversent nos villages et du fait de leur poids élevé endommagent ces infrastructures. Et votre politique de développement de contournements partout en Isère, de plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement, n’est pas là pour freiner leur expansion. Au contraire, c’est un appel d’air à la circulation de plus de camions sur nos routes Iséroises. Cette politique conduit au verrouillage de la société dans le tout voiture et tout poids-lourds, donc en matière de “changement des usages” de mobilité, votre majorité frise le contre-sens. 

Quant au budget de décembre 2023, nous vous avions proposé un amendement pour encourager le développement du covoiturage dans les zones rurales mais vous ne l’avez pas mis au débat. 

Si déployer des techniques innovantes – comme les enrobés tièdes pour les travaux routiers, est qq chose d’important, cela ne suffit pas à constituer une politique de mobilité décarbonée. 

Tout ceci n’offre pas de perspectives d’avenir durable et entretient des coûts annuels importants sans donner la place à investir de façon innovante. 

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