Pour un renforcement de la politique jeunesse départementale

La jeunesse est vue dans notre imaginaire comme le moment de tous les possibles, où toutes les portes sont encore ouvertes vers l’avenir. Cette vision est celle qui doit nous pousser à progresser davantage, à prendre davantage soin d’elle, car malheureusement, si pour une partie de cette jeunesse, de nombreuses portes sont grandes ouvertes, d’autres se confronteront à beaucoup de murs. Les études le montrent, la situation sociale des jeunes dépend très largement de celle de leurs parents : on estime qu’il faut six générations pour qu’un jeune issu d’une famille pauvre atteigne le niveau de vie moyen en France (rapport OCDE de 2018). Une politique jeunesse devrait, à notre sens, être prioritairement orientée vers le rétablissement de cette égalité des chances, car c’est à ce moment-là que les choses peuvent encore changer. Cela signifie prioritairement être orientée vers la jeunesse la plus fragile et plus vulnérable.

Si le département reste présent sur les chantiers éducatifs vis-à-vis des jeunes en rupture, nous regrettons son désengagement financier depuis 2015 des politiques de la ville. Avec 40% de personnes de moins de 25 ans, contre 29% dans le reste du pays (étude de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire en 2021), se désengager financièrement des quartiers populaires, c’est aussi se désengager d’une partie importante de la jeunesse. Une jeunesse plus précaire qu’ailleurs et qui a elle aussi besoin de soutien et de la démonstration qu’investir en elle, c’est investir pour l’avenir.

Pour aider la jeunesse précaire, nous avions proposé un amendement au Budget Primitif 2024 en faveur de la création d’un Revenu de Solidarité Jeune (mis en place par d’autres départements français) que la majorité de droite a balayé d’un revers de la main. Les étudiants sont aussi frappés de précarité, particulièrement au début de leur vie étudiante, quand le certificat de scolarité ne leur a pas encore été remis ou quand un titre de séjour est en renouvellement, ne pouvant pas encore ou plus bénéficier des dispositifs sociaux. Le département pourrait agir à ces moments cruciaux.

L’école, ciment de notre République, n’offre plus la capacité d’ascenseur social dont elle portait la promesse. Du collège au lycée, les réformes récentes ou en cours trient les élèves ou rendent encore moins facilement lisible l’orientation. Le premier stage au collège est malheureusement pour beaucoup une première expérience de discrimination entre les élèves d’un milieu social favorisé, qui auront à leur disposition un large réseau pour faire un stage qui correspond à leur aspiration, tandis que d’autres devront se contenter de stages trouvés par défaut. C’est pourquoi nous proposons un amendement pour la création d’un forum de stages pour les collégiens et collégiennes et des accompagnements auprès des partenaires sur la connaissance de soi, pré-requis nécessaire à l’orientation.

Les jeunes n’ont pas tous la même capacité à décrypter le flot d’images qui leur parviennent du numérique, ni la même connaissance sur les moyens de contraception et de protection. Au carrefour des politiques de prévention et de détection contre les violences sexistes et sexuelles, de santé et d’égalité entre les filles et les garçons, les jeunes reçoivent cependant dans leur scolarité beaucoup moins d’éducation que ne le prévoit la loi. Nous faisons donc une proposition pour permettre à davantage de jeunes de suivre une éducation à la vie sexuelle et affective en scolarité.

Enfin, comment se satisfaire d’une politique départementale qui assume de fixer des objectifs de réduction des émissions de carbone en retrait par rapport aux accords de Paris : il y a deux ans, était votée une délibération visant une réduction de 13,5% à l’horizon 2028 par rapport au bilan carbone de l’Isère de 2015, alors que les accords de Paris demandent une réduction de 27%, soit deux fois plus grandes à horizon 2030. Se soucier de la jeunesse, c’est tout faire pour lui léguer une Terre habitable, avec des ressources, pour qu’elle puisse s’épanouir aussi quand nous ne serons plus là.

En conclusion, ce plan de politique jeunesse transversale, va au-delà des compétences obligatoires de la protection de l’enfance et de la gestion des collèges, et propose des dispositifs additionnels. C’est pourquoi, nous saluons son existence et nous partageons le message d’intérêt envoyé à la jeunesse par ce plan. Ce dernier se base sur des initiatives des territoires avec “Contrats territoriaux jeunesses”, des collèges avec “Isère Collégiens” et des jeunes avec “Coup de pouce jeunes Isère”. Par contre, nous pensons que ce plan manque des éléments précédemment cités. Ainsi, nous nous sommes abstenus sur ce rapport.

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