Accompagner les jeunes dans une orientation scolaire choisie

Amendements présenté par le groupe Isère Écologie et Solidarités lors de la séance publique du 29 mars 2024

  • A l’échelle nationale, 13 % des jeunes de plus de 15 ans interrompent leurs études secondaires avant la fin de leur formation initiale et quittent le collège ou le lycée sans diplôme (DEPP – INSEE pour l’année 2015). 
  • Un jeune sur 3 se réoriente en fin d’année de licence (DEPP 2017) et 20 % des étudiants ayant commencé des études supérieures en sortent sans avoir obtenu de diplôme. Le coût pour la société est évalué au minimum à 500 millions d’euros par an (France stratégie 2017)

Cette capacité à apprendre à s’orienter plutôt qu’être orienté sera nécessaire tout au long de la vie des jeunes d’aujourd’hui : En 2020, 80% des métiers de 2030 n’existaient pas encore (étude Dell et l’Institut pour le futur). Il sera donc nécessaire de s’adapter et de se former continuellement. Les jeunes devront donc être acteurs de leur projet tout au long de leur vie.

Or, la connaissance de soi est le premier élément d’importance pour faire un choix d’orientation éclairé. En effet, une étude sur les 18-25 a démontré que les éléments nécessaires à un choix d’orientation sont par ordre d’importance : 1/ connaître ses propres envies,  2/ connaître les débouchés des filières et les formations, 3/ connaître les métiers. Cependant, 29% seulement des jeunes disent avoir reçu des informations et/ou un accompagnement sur la connaissance de soi, tandis que 79% ont reçu des informations sur les filières et les formations. Les jeunes sont nombreux à souhaiter que l’accompagnement soit davantage personnalisé et que plus de temps leur soit consacré. (CNESCO 2018).

C’est pourquoi 18% des familles ont recours à un coach privé, qui aide le jeune à connaître ses forces, ses faiblesses, ses envies afin de se projeter dans plusieurs métiers correspondants et ainsi choisir la bonne filière scolaire. C’est particulièrement le cas pour les jeunes issus des milieux sociaux les plus favorisés (CNESCO 2018), le coût pour les familles variant entre 500 et 1000 € par enfant.

Les enfants de parents CSP+ ont les moyens de bénéficier d’un réseau de personnes pouvant expliquer leur métier, leur parcours afin de les aider à mieux appréhender les différents métiers possibles et les débouchés professionnels. Les autres enfants n’ont pas cette possibilité d’accès à des entretiens individualisés de ce type. Cela renforce malheureusement les inégalités sociales du système éducatif dans son ensemble, déjà pointées du doigt par les différentes études PISA, alors que la situation s’améliore dans les autres pays de l’OCDE. 

Les missions locales accompagnent déjà des jeunes à la connaissance de soi, mais cela reste encore marginal faute de moyens. Il est proposé que le Département de l’Isère dédie des subventions orientées vers ces accompagnements collectifs ou individualisés auprès des partenaires associatifs ou institutionnels.

Les stages ont également toute leur importance afin de faire découvrir des métiers différents de l’environnement habituel des jeunes et leur permettre de se projeter dans l’avenir. Malheureusement, le premier stage de 3eme au collège est pour beaucoup une première expérience de discrimination. Faute de trouver un stage dans des entreprises prestigieuses prêtes à les accueillir, de nombreux jeunes font des stages par défaut dans un petit commerce tenu par un proche. Les gens des quartiers populaires les appellent les “stages kebab”. 

Cette impossibilité à s’ouvrir vers d’autres horizons est donc particulièrement prégnante dans ces quartiers, mais c’est aussi le cas pour les jeunes des territoires ruraux qui sont axés sur une économie bien spécifique et offrent peu de diversité professionnelle. C’est le cas par exemple en Oisans, où 90% de la richesse du territoire est issue du tourisme et il peut être difficile pour un jeune d’accéder à un stage dans d’autres secteurs d’activité.

Le Département de l’Isère proposait en 2016 de rapprocher les jeunes du monde professionnel en proposant plusieurs initiatives. L’une d’entre elle consistait à l’accueil de stagiaires dans les services du département, et c’est d’ailleurs une réussite avec plus de 800 jeunes par an effectuant leur stage dans l’institution. Par contre, certains autres axes n’ont pas été développés ces 8 dernières années et nous ne les retrouvons plus dans la nouvelle politique jeunesse départementale. C’est le cas de la création d’une plateforme favorisant l’émergence de réseaux d’entreprises sensibilisées à l’accueil de stagiaires. Même si la compétence de l’orientation a été transférée aux régions en 2018, de très nombreux départements ont mis en place une telle plateforme en France car il s’agit d’une étape clé de l’égalité des chances : à la métropole de Lyon, en Saône-et-Loire, en Seine-Saint-Denis, en Essonne, dans les Deux-Sèvres etc… 

D’ailleurs, les nombreux partenariats du Département de l’Isère avec les Chambres de Commerce et d’Industrie, la Chambre d’Agriculture, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Isère, les associations sont des occasions de créer ces réseaux et proposer un catalogue de stages aux Isérois et Iséroises des territoires les plus en difficultés sur ce sujet.

L’orientation scolaire est une préoccupation partagée par la grande majorité des familles en Isère, c’est pourquoi le Département doit inclure un chapitre à ce sujet dans sa politique Jeunesse.

Afin de soutenir les jeunes dans leur orientation scolaire, prévenir l’échec scolaire et permettre aux jeunes de se projeter en confiance dans l’avenir, le Département accompagne financièrement et/ou techniquement les associations, organismes ou institutions qui accompagnent les jeunes dans la connaissance de soi et la connaissance des métiers. 

Sur les quelque 17 000 collégiens de 3eme en Isère, le Département pourrait permettre à 4 000 collégiens de bénéficier d’un accompagnement à la connaissance de soi et/ou d’une offre de stage par la création d’une plateforme ou par le soutien de forums des métiers et des stages pour les élèves de 3ème et pour ceux de 4ème et de 3ème en classe SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté).”

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