Budget supplémentaire 2024 : Investir socialement pour l’Isère
Le budget supplémentaire pour l’année 2024 que vous présentez aujourd’hui, est sans surprise, dans la continuité du budget primitif, complété de certains ajustements circonstanciels comme la reprise du résultat de l’exercice antérieur, de moindres recettes de DMTO et quelques dépenses de fonctionnement supplémentaires.
Par conséquent, le Département de l’Isère bénéficie d’une situation financière extrêmement favorable et d’une capacité d’investissement très substantielle. Il s’agit donc d’une opportunité assez singulière pour transformer notre territoire, mener à bras le corps le combat contre l’appauvrissement de nombreux Isérois et Iséroises, mais aussi d’améliorer la vie de toutes et tous. Pourtant, par manque d’ambition pour notre territoire, cette opportunité reste largement sous-exploitée.
Nous l’avons rappelé lors du débat sur le compte administratif, une autre politique sociale est possible en Isère.
Innover pour faire face à la crise du logement
En complément à ces actions propres aux compétences obligatoires du Département, à l’occasion du réajustement budgétaire, mais surtout en prévision du budget 2025 et même de la fin du mandat en cours, nous souhaitons attirer l’attention sur deux thématiques qui nous paraissent structurantes pour les années à venir.
Tout d’abord, permettez-moi de parler du secteur du logement. A cause d’une méticuleuse destruction des politiques nationales de logements depuis la prise de fonction d’Emmanuel Macron, ce secteur est en grande difficulté. De nombreuses familles peinent à trouver un toit décent à un prix abordable. Or, on le sait, l’accès à un logement décent est la condition nécessaire à la sortie de la pauvreté pour les foyers concernés. L’interdiction à venir de la location des logements classés G (2025) et F (2028) va encore réduire l’offre de logement et accroître la tension et donc les montants des loyers si aucune mesure de protection n’est prise.
Ce constat n’épargne pas l’Isère comme relevé lors de la conférence départementale de l’habitat sur la précarité énergétique de décembre dernier. Si le Département agit de manière volontariste via son programme d’aide à la pierre pour les logements sociaux et communaux, nous pensons que le Département pourrait déployer sa capacité d’investissement sur cette thématique qui rejoint ses compétences cœurs. En écho à votre plan de 100 M€ pour le BTP de 2015, pourquoi ne pas envisager un grand plan de relance du logement et de la rénovation énergétique de 100 M€ en Isère en 2025 ? Les Iséroises et Isérois en seront les grands bénéficiaires. Les acteurs du secteur ne bouderont pas ce soutien. Les finances du Département seront utilisées pour l’objet auquel elles sont destinées: transformer notre territoire pour lutter contre la pauvreté et donner de conditions d’existence dignes à nos concitoyens.
Accompagner les familles monoparentales
Une seconde problématique structurante qui prend une ampleur significative et qui nous tient à coeur au sein de notre groupe IES est le sort des familles monoparentales. En effet, ces dernières années ont vu le nombre de séparations de couples exploser. C’est un fait. Aujourd’hui, près d’un quart des enfants vit dans une famille monoparentale. En Isère, cela représente plus de 50,000 familles. Ce phénomène touche toutes les classes sociales. En effet, personne n’est à l’abri d’un problème de couple ou de coeur, à n’importe quelle âge.
La séparation d’une famille est toujours le fruit d’une nécessité. C’est une décision souvent difficile, souvent prise en conscience pour mettre fin à des situations devenues difficiles et qui se solde par une décohabitation. Malheureusement, la séparation occasionne une réorganisation complète de la vie quotidienne et ouvre une période de vulnérabilité émotionnelle, logistique et financière pour l’ensemble de la famille, les parents comme les enfants. Et cela, souvent sans préparation adéquate et souvent à la charge des mères.
Les études sont assez claires: la séparation est synonyme de perte de niveau de vie, parfois de basculement dans la pauvreté, en particulier pour les femmes. Les causes sont multiples: la séparation crée de la désorganisation, du stress, de l’angoisse; souvent les mères sont obligées de prendre des petits boulots pour respecter le rythme des enfants et la décohabitation en elle-même amène des charges de logement supplémentaires. Comment alors élever ses enfants dans ces conditions propices ? Comment les enfants peuvent devenir des élèves appliqués ? Par quels moyens les accompagner à devenir des citoyens à part entière dans ces situations et conditions matérielles difficiles?
Notre demande d’ouverture d’une mission d’information et d’évaluation sur les familles monoparentales
Nous pensons que le département a le devoir de prévenir la pauvreté et de prendre soin au quotidien en accompagnant les Isérois et les Iséroises dans les moments de vulnérabilité. Les solutions sont probablement complexes et méritent une attention particulière. Nous avons sollicité une mission d’information et d’évaluation sur cette thématique que vous avez refusé. Nous le regrettons parce que nous pensons que ce sujet le mérite. C’est un sujet structurant tant pour notre société que pour la réussite de l’ensemble des enfants dans cette situation.
Construire démocratiquement nos politiques sociales
Dans un moment politique aussi difficile que celui que nous vivons, nous sommes tous et toutes, en tant qu’élu.es du territoire, responsables devant les électeurs. Nous leur devons de trouver des solutions pour répondre à leurs besoins fondamentaux en fournissant des services essentiels qui contribuent à la cohésion sociale, au développement économique et à la qualité de vie d’une façon équitable pour tous et toutes .
Abimée par un sentiment de déclassement, notre société risque de transformer son malaise social en haine de l’autre. Retrouvons la capacité de construire des politiques publiques avec les Isérois et Iséroises. Démontrons par cela que la démocratie n’est pas un vain mot avant que d’autres forces ne soient tentées de la remettre en cause.
Budget Supplémentaire 2024