Visite des conseillers départementaux du groupe Isère Ecologie et Solidarités dans le Trièves en Janvier 2024

Le samedi 27 janvier, nous, conseillers départementaux Thierry Badouard, Pauline Couvent et Jérôme Cucarollo du groupe Isère Ecologie et Solidarités, nous sommes rendus dans le Trièves pour échanger avec des habitants, des représentants d’associations et des élus locaux sur les mobilités. Se déplacer est un sujet de préoccupation quotidien pour les 10 000 habitants de ce magnifique territoire bordé par de nombreux massifs montagneux. C’est aussi un sujet d’actualité avec le réaménagement de la RD1075 commencé l’année dernière, la réouverture de la ligne de train Grenoble-Gap en décembre 2022 après 2 ans de travaux ainsi que les nombreuses initiatives des communes, de la communauté de communes et des habitants pour des déplacements solidaires et plus doux pour la planète.

Premier rendez-vous en gare de Monestier-de-Clermont !

Notre visite a débuté à la gare de Monestier de Clermont, qui est desservie par une des plus belles lignes de train de France reliant Grenoble à Gap. La semaine, les rames sont remplies par des habitants pour des trajets quotidiens, avec une forte affluence en début et fin de semaine. Le week-end, de nombreux touristes l’empruntent pour randonner dans les massifs avoisinants : un intérêt touristique qui pourra aller grandissant avec la création officielle d’un GR tour de l’Obiou dans le Dévoluy et la nouvelle «valorisation» du Mont Aiguille depuis la future Maison de Pays, à côté de la gare SNCF de Clelles. Mais la ligne a vu considérablement s’allonger son temps de parcours depuis 50 ans et nécessite encore des travaux et une pérennisation sur l’ensemble de ses parcours (Étoile de Veynes).

De gauche à droite : Robert Cuchet Maire du Monestier-du-Percy, Eric Gilbert représentant du CEFV, Pauline Couvent conseillère départemental du Canton Grenoble 1, Jérôme Cucarollo conseiller départemental du canton Grenoble 2, Thierry Badouard conseiller départemental du Canton Grenoble 3 et Pierre Suzzarrini Maire de Mens en gare de Monestier de Clermont

Financement & travaux de la Ligne Grenoble – Gap

Une première tranche de 35 millions d’euros (par les régions AURA, PACA, l’Etat, la Métropole Grenoble Alpes, le département des Hautes-Alpes et celui de l’Isère) avait été péniblement réunie après de nombreuses discussions pour un an de travaux de régénération partielle. Réouverte en 2022, de nombreux dysfonctionnements sont malheureusement relevés depuis un an et rendent la vie difficile aux usagers : retard, trains annulés, problème de matériel.

Pour pouvoir pérenniser à terme la ligne, une deuxième tranche de travaux de 80 millions d’euros est nécessaire. Ce financement sera-t-il fait en mobilisant le volet transport du CPER (contrat Plan État Région), grand plan d’investissement stratégique de la région et de l’État ? C’est la grande interrogation car si les autres volets du CPER 2021-2027 pour Auvergne-Rhône-Alpes ont été signés le 10 novembre 2022, le volet transport se fait toujours attendre : les cartes sont dans la main de Laurent Wauquiez. Nous, élus écologistes de l’Isère, sommes convaincus que pour décarboner nos transports nous avons besoin de proposer aux habitants comme aux touristes des vraies alternatives à la voiture individuelle : cela signifie une ligne de train avec des horaires réguliers, fiables et sans retard et donc d’investir pour maintenir les infrastructures en bon état.

Nous avons pu échanger sur le projet d’autopartage à la gare de Monestier. De plus, le territoire est lauréat de l’appel à projet TIMS (Territoires Inclusion Mobilité Sobriété), qui est un programme pour développer l’éco-mobilité pour tous, c’est-à-dire pour celles et ceux qui n’ont pas de solutions de mobilité.

Visite des premiers réaménagements réalisés de la RD1075

Quelques rappels

La RD1075 entre le col du Fau et le col de la Croix Haute doit faire l’objet d’une trentaine d’opérations d’aménagements sur ces 32 km par le département de l’Isère, pour un budget total d’environ 60 millions d’euros, qui doivent se terminer à l’horizon 2030. Officiellement appelés opérations de “sécurisation” par la majorité départementale, ces travaux se déclinent certes en sécurisation de traversées et de modification de carrefours, mais aussi en création de nombreuses voies de dépassement qui contribuent mécaniquement à accroitre la vitesse des véhicules. Or, la vitesse est un élément qui accentue fortement la gravité des accidents lorsqu’ils se produisent.

Nous, élus départementaux de gauche écologistes, avons plusieurs fois réitéré nos craintes sur la possible augmentation de trafic, plus particulièrement de trafic de poids lourds, qui augmentera considérablement les nuisances pour les habitants et habitantes des 8 communes concernées et au-delà. Une crainte dont les propos de Frédérique Puissat ne sont pas de nature à rassurer, quand, dans l’édition du 19 janvier 2024 du Dauphiné Libéré, elle taxe d’égoïstes ceux qui craignent que davantage de camions empruntent la RD1075 après les travaux. Nous avions précédemment fait remarquer l’extrême faiblesse, voire l’inexistence du projet de sécurisation des parcours cyclables, le projet ne prévoyait que le minimum légal, soit un marquage au sol, sur les portions de route ré-aménagées, avec trop peu d’aménagement pour l’ensemble des parcours (tronçons de piste cyclable, valorisation de «petites routes parallèles»).

Heureusement, l’enquête publique avait débouché sur la proposition d’une voie cyclable totalement séparée sur la section Clelles – Longefond, où aucun itinéraire secondaire n’existe. Un schéma cyclable continu sur les routes secondaires serait le plus sécurisant pour les cyclistes et nous souhaitons que le Département soit moteur sur ce sujet. Les nouveaux aménagements : quels gains pour la sécurisation ? Deux carrefours ont été reconfigurés ces douze derniers mois : deux carrefours à Saint-Michel-les-Portes (Thoranne…) et le carrefour de la gare à Clelles. Tout d’abord nous nous sommes rendus sur le carrefour de Thoranne où les 2 voies secondaires (menant pour l’une au hameau de Granges–Thoranne et pour l’autre à la plateforme bois) ont été rabattues sur un seul carrefour, un tourne-à-gauche et des bandes cyclables créés. Les passionnés de bitume seront conquis – ceux de nature un peu moins – au regard de l’augmentation pharaonique de l’emprise au sol via cet aménagement quand on le compare à celle du précédent. Quant au réel intérêt pour la sécurité de ces travaux à 2 M€, on peut clairement s’interroger. De plus, le regroupement même des deux carrefours rend impossible, la réalisation d’aménagements de ralentissement pour tourner à droite, alors que nos interlocuteurs locaux les estiment tout aussi nécessaires que les tourne-à-gauche centraux pour la sécurisation des carrefours.

Thierry Badouard conseiller départemental du Canton Grenoble 3, Pauline Couvent conseillère départementale du Canton Grenoble 1 et Jérôme Cucarollo conseiller départemental du Canton Grenoble 2 en visite dans le Trièves devant le carrefour de Thoranne

De la même façon, on peut s’interroger sur les travaux réalisés du carrefour de la gare de Clelles dont la facture pour la création d’un tourne-à-gauche avec îlot borduré s’élève à 600 000 euros. Une dépense d‘argent public que nous jugeons importante comparativement à la pauvreté des modifications constatées pour le moment : était-il nécessaire de refaire de fond en comble le carrefour pour y ajouter simplement un ilot, et à ce pour un tel montant ?

Enfin, nous avons pu nous rendre sur un des aménagements qui avait été anticipé en 2021, au niveau de la commune du Percy, c’est-à-dire le carrefour entre la RD1075 et la RD13. Des travaux avaient été lancés pour permettre une sécurisation de ce carrefour particulièrement «accidentogène» en rétablissant des distances de visibilité acceptables pour accéder à la RD 1075 en provenance du Percy. Toutefois sur place, de nombreux habitants et habitantes nous ont témoigné de la dégradation de la sécurité pour entrer et sortir du village après le réaménagement.

Échange avec Trièves Mobilité Responsable (TMR)

La journée s’est terminée par un échange avec TMR. L‘association nous a présenté ses doutes sur l‘accidentologie présentée dans le dossier d’enquête publique des travaux de la RD1075 : l‘année pour comparer la mortalité avec les autres routes départementales est 2018, année la plus meurtrière, avec 3 morts, quand le nombre de morts totalisés sur 12 ans (2009 à 2020) est de 7 sur la section de 32 km. Il s‘agit évidemment de 7 morts de trop, qui doivent être évités. Toutefois, comme l’indique le dossier d’enquête publique : “les comportements inadaptés constituent la raison principale de ces accidents, l‘infrastructure y contribue dans un certain nombre de cas, et très souvent elle ne permet pas d‘en limiter la gravité“.

Nous avons ensuite échangé sur l‘impact des aménagements sur le trafic de la RD1075, jugé nul dans le dossier d‘enquête publique. Ce dernier se base uniquement sur une projection du trafic courte distance nationale et l‘historique du trafic sur la RD1075. Étrangement, il n‘est jamais évaluée l‘hypothèse que la mise en place de créneaux de dépassement et leurs probables passages à 90km/h, ainsi que le changement de gabarit de carrefours risque de créer un délestage de l‘A7? Surtout que les départements par la RD1075 plus au sud traversés (Drôme, Hautes-Alpes) ont eux aussi prévus des aménagements de mêmes types. Une affaire à suivre et pour laquelle vos conseillers départementaux du groupe IES seront présents !

Carrefour de la gare de Clelles

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