Débat d’orientation budgétaire : Intervention de Thierry Badouard au sujet du projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 dans le Bugey

Nos arguments concernant la construction d’un EPR2 en Isère et le nucléaire en France

Lors de la séance publique du 27 mars 2025, Thierry Badouard est intervenu pour porter la position du groupe IES sur le projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 dans le Bugey.

Nous n’avons pas changé d’avis depuis le débat précipité, imposé il y a un mois par la majorité. Nous réaffirmons ici les raisons qui nous amènent, en tant qu’écologistes, à nous opposer au déploiement des six EPR2 prévus en France.

Face au dépassement de 7 des 8 limites planétaires, nous estimons que le nucléaire reste une énergie qui alimente un modèle basé sur la croissance continue de la consommation. Pour nous, l’enjeu est d’abord de réduire la demande en énergie. Cela suppose de faire des choix de sobriété, d’efficacité énergétique et de soutien aux énergies renouvelables. Ces orientations permettraient aussi de renforcer notre indépendance énergétique.

Des risques environnementaux et géopolitiques majeurs

Si le nucléaire émet peu de gaz à effet de serre, il pose cependant de nombreuses autres problématiques.

La souveraineté énergétique que le nucléaire est censé garantir est en réalité illusoire. La France ne produit pas son propre combustible nucléaire. Elle dépend de pays comme l’Australie, le Canada et le Kazakhstan. Jusqu’à récemment, elle importait aussi du Niger. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, en raison de tensions diplomatiques.

La question des déchets, elle, reste irrésolue. Les déchets nucléaires sont actifs pendant des décennies, voire des milliers d’années. Leur traitement est coûteux, et leur stockage soulève des enjeux de sécurité non maîtrisés. Nous déléguons ainsi des risques et des coûts aux générations futures.

Enfin, le nucléaire a un impact direct sur les milieux naturels, notamment sur l’eau. Le fonctionnement des centrales nécessite de très grands volumes pour le refroidissement. Cela réchauffe les cours d’eau et met en péril la biodiversité. Le réchauffement climatique renforce ces effets. La baisse du débit du Rhône et l’allongement des sécheresses accentuent la concurrence entre les usages : agriculture, eau potable, industrie. Le réchauffement de l’eau rejetée par la centrale du Bugey impacte déjà les autres centrales situées plus en aval : Saint-Alban (Isère), Cruas (Ardèche), Tricastin (Drôme).

Un modèle économique hasardeux et coûteux

Du point de vue financier, le nucléaire est une option à haut risque. Les exemples ne manquent pas :

  • Olkiluoto 3, en Finlande : 14 ans de retard, coûts multipliés par 4 (de 2,3 à 9,5 milliards d’euros).
  • Flamanville 3, en France : 13 ans de retard, coûts multipliés par 7 (de 3 à 23,7 milliards d’euros).
  • Hinkley Point C, au Royaume-Uni : EDF y a enregistré une perte de 11,5 milliards d’euros dans ses comptes 2023. Le coût final est passé de 32,1 à 46,5 milliards de livres.

Dans tous ces cas, ce sont les contribuables français qui paient la facture.

Ces surcoûts rendent aussi l’électricité produite moins compétitive. Les industriels électro-intensifs le reconnaissent. Les négociations autour des prix des contrats à long terme sont difficiles. Cela a même conduit au remplacement brutal du PDG d’EDF. Le mythe de l’électricité nucléaire bon marché s’effondre.

Le Conseil de politique nucléaire vient d’acter un nouveau retard pour Penly : la mise en service du premier EPR2 est repoussée à 2038. La facture des six premiers EPR2 est déjà passée de 51 à 80 milliards d’euros. Soit une hausse de plus de 50 %.

Un autre choix est possible

Ne jetons pas l’argent public par les fenêtres. Ces sommes seraient bien plus utiles pour améliorer les infrastructures du quotidien, notamment en Nord-Isère.

Le groupe IES a donc voté contre la contribution du Département de l’Isère à ce débat public.

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