BUDGET 2026 : Intervention de Thierry Badouard sur  la concession de service public de l’aéroport de Saint Geoirs

Avant de relancer une concession de service public pour douze ans, il faut analyser la Délégation de Service Public menée entre 2009 et 2026. Le modèle d’affaires retenu était pourtant irréaliste. Il tablait sur 900 000 voyageurs, alors que l’aéroport en accueille environ 250 000 par an depuis 2019. Cela représente quatre fois moins. Quel service public peut se satisfaire de résultats qui atteignent seulement 25 % des prévisions ?

Les subventions d’exploitation versées à Vinci ont atteint 20 M€ sur la période. Les investissements cumulés s’élèvent aussi à 20 M€. Ils ont permis de réduire de quelques minutes le temps de passage pour des voyageurs venus de loin. Ils ont aussi servi à offrir un terminal plus luxueux aux clients de l’aviation d’affaires et à électrifier des engins au sol utilisés quelques heures par an, au nom de la décarbonation de l’aéroport.

S’y ajoutent 9 M€ pour la rénovation de l’École Nationale de l’Aviation Civile. L’État et la Région ont moins contribué, alors que l’enseignement supérieur ne relève pas de la compétence départementale. Il faut aussi noter les avances de trésorerie pour Vinci, les aides liées au Covid et d’autres soutiens.

Côté Département, un avenant voté en 2018 par la majorité départementale a déplafonné la subvention annuelle d’investissement. Les 1,8 M€ versés à Vinci ne suffisaient plus. Côté Vinci, plus de 3 M€ de dividendes ont été versés au groupe depuis l’aéroport entre 2016 et 2018.

Le coût réel pour l’Isère et pour l’État

Le contrat de DSP a coûté 50 M€ au Département. Ce n’est pas anodin. Ces 50 M€ représentent l’équivalent de la rénovation de deux ou trois collèges. Ironie : c’est justement le montant des rénovations que la majorité départementale décide de repousser dans le budget présenté aujourd’hui. Quel choix d’avenir !

La charge pour l’État est même plus lourde. Les missions régaliennes de sûreté et de sécurité aéroportuaires sont indispensables. Elles s’appliquent à tout aéroport. Elles sont donc normales et légitimes. À Saint-Geoirs, elles coûtent 5 M€ par an à l’État. Sur dix-sept ans, cela représente 85 M€. Au total, la précédente DSP a généré au minimum 135 M€ de dépenses publiques. Tout cela pour douze week-ends d’activité par an.

Aujourd’hui, la majorité départementale demande de prolonger cette hémorragie de fonds publics. Notre position est claire : il faut mettre fin à cette gabegie.

Une relance sans bilan ni étude d’impact

La majorité départementale souhaite relancer une concession pour une activité structurellement déficitaire. Pourtant, aucun bilan sérieux de la précédente DSP n’a été produit. Aucune étude d’impact non plus. Les retombées économiques mises en avant ne sont démontrées nulle part.

S’il existe des retombées, elles concernent les douze week-ends d’hiver et profitent aux stations de haute montagne. Celles-ci sont déjà saturées. Pendant ce temps, les stations de moyenne et basse altitude peinent à survivre avec le réchauffement climatique d’origine humaine.

La nouvelle CSP ne propose rien de neuf. Le futur opérateur, déjà habitué aux avenants avec le Département, comme le montre la gestion du Petit Train de La Mure, parie sur une croissance de 33 % du trafic aérien. Cette projection n’est pas réaliste.

À travers cette nouvelle concession, la majorité départementale engage les Isérois à verser 25,6 M€ supplémentaires. Cette somme inclut 18,7 M€ de subventions d’exploitation pour un grand groupe. Il faudra aussi ajouter les 53 M€ nécessaires aux missions régaliennes de l’État. Au final, la majorité départementale porte une dépense publique de plus de 80 M€ sur douze ans.

Une alternative : vendre l’aéroport de Saint-Geoirs

Le groupe Isère Écologie et Solidarités propose une autre voie : vendre tout ou partie de l’aéroport de Saint-Geoirs.

Une telle décision permettrait d’arrêter une hémorragie annuelle de plus de 2 M€. Cette somme représente le double des coupes infligées cette année aux associations. La vente offrirait aussi l’occasion de renflouer les finances du Département, probablement de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Ces recettes sont essentielles. Elles permettraient d’investir dans les collèges, dans les cours oasis et dans les politiques sociales, notamment l’aide sociale à l’enfance.

La proposition du groupe Isère Écologie et Solidarités est simple et responsable : libérer l’Isère d’une charge financière lourde en vendant l’aéroport de Saint-Geoirs et rediriger ces économies vers la jeunesse iséroise.

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