Rencontre avec l’ADPAH de Vienne

Le vendredi 15 mars 2024, les conseillères départementales du groupe Isère Ecologie et Solidarités, Pauline Couvent et Marie Questiaux, ont rencontré les membres de l’association d’aide et d’accompagnement à domicile ADPAH de Vienne.

Cette structure historique assure l’aide et l’accompagnement à domicile pour 900 bénéficiaires répartis dans 70 communes autour de Vienne. L’association a été placée en redressement judiciaire en mai 2023, et n’a pas trouvé de repreneur lors des deux premiers tours de table. La prochaine audience est fixée au 11 avril. Pour éviter la liquidation judiciaire immédiate, le département a voté une subvention de 280 000 euros en février 2024 pour venir en aide à l’association jusqu’à cette date. Une aide de court terme qui ne garantit pas aux usagers et à leur famille une continuité de service ni aux salariés une conservation de leur emploi. Inquiètes pour l’avenir des salariées et des bénéficiaires de l’ADPAH (des personnes âgées en perte d’autonomie et des personnes handicapées) ainsi que de leur famille. Le groupe IES tenait à se rendre sur place pour apporter son soutien à l’association. Si celle-ci venait à disparaître, des centaines de personnes se retrouveraient en rupture de soin et pour les bénéficiaires les moins entourés, dans l’isolement le plus total.

La profession majoritairement féminine des aides à domicile est l’une des plus en tension du marché du travail. Elle connaît une perte d’attractivité due à ses conditions de travail pénibles (fort taux d‘accidents du travail) et sa précarité salariale (salaire moyen de 900 euros). Le secteur de l’aide à domicile va mal en France, de même que celui des établissements personnes âgées. En attente d’une loi grand âge annoncée depuis 7 ans qui doit être celle d’une programmation financière permettant de faire face au défi du vieillissement de la population, de nombreux professionnels comme des élus tirent la sonnette d’alarme devant un système au bord de la rupture économique. Les structures iséroises n’échappent pas à ces difficultés.

Les conseillers départementaux du groupe IES pensent que le Département de l’Isère a sa part de responsabilité dans la difficulté qu’elles vivent pour deux raisons.
En Isère comme dans les autres départements, la tarification des services à domicile est fixée par le conseil départemental pour la plupart des associations. L’équilibre financier des structures repose sur ce tarif. Or en Isère, il est au tarif plancher national de 23,5€ (tarif hors revalorisation salariale par les derniers avenants). Une incompréhension quand on regarde le dynamisme économique du territoire qui engendre un coût de la vie plus important pour les salariés. Le Département, ayant économisé 100 millions d’euros sur les trois dernières années, a les moyens de pratiquer un tarif horaire plus élevé.

Ensuite, afin d’attirer plus d’aides à domicile, des revalorisations salariales ont été décidées au niveau national ces trois dernières années pour une grande partie des services d’aide à domicile associatifs (comme l’ADPAH  de Vienne). Celles-ci s’imposent aux structures impactées vis-à-vis de leurs salariés et aux départements vis-à-vis de ces structures. Or le département de l’Isère, pour appliquer cette revalorisation salariale, a fait le choix de majorer le tarif horaire plutôt que de verser une dotation complémentaire de financement aux structures impactées, rendant ces dernières moins attractives, car plus chères, que d’autres. Un choix qui va à l’encontre des recommandations du ministère de l’économie et qui n’a pas été celui de 90% des départements en France.

Enfin, une des revalorisations salariales n’a pas été compensée sur une période. C’est l’objet d’un recours au tribunal administratif que nous avons lancé en novembre 2023.

Devant les difficultés financières des SAAD en Isère, nous déplorons l’absence d’une stratégie politique départementale quant au maintien de ce service public sur tout le territoire et pour tous les bénéficiaires. Nous souhaitons également exprimer notre préoccupation quant à la méfiance manifestée par le président du département à l’égard du système associatif, tout en faisant l’éloge du système privé. Pourtant, les acteurs du secteur privé lucratif nous font remonter les mêmes difficultés financières quant à un tarif départemental beaucoup trop bas.

En somme, face au vieillissement de la population, le Département doit renforcer son soutien à l’ensemble des structures en mesure d’assumer le maintien des missions essentielles de service public liées à l’autonomie et cela pour tous les Isérois et toutes les Iséroises, quelque soit de leur localisation géographique (rurale ou urbaine) ou de leurs ressources financières. Cela signifie une revalorisation des tarifs horaires à la hauteur des coûts de revient pour les structures, bien au-dessus du tarif plancher actuellement pratiqué.

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