Débat d’orientation budgétaire : Rapport Égalité Femmes / Hommes, l’intervention de Marie Questiaux

Lors de la séance publique du 28 février 2025, Pauline Questiaux est intervenue pour porter la position du groupe IES au sujet du Rapport Égalité Femmes / Hommes du Département.
Le rapport égalité publié permet d’exposer l’impact social des inégalités de genre en Isère. Sur le volet interne, nous saluons la politique menée en ressources humaines. Sur le volet externe, nous partageons les constats.
Concernant les familles monoparentales, nous soulignons l’ampleur du phénomène et les nombreuses difficultés rencontrées par les parents seuls — majoritairement des femmes. Ces femmes font face à des obstacles majeurs : accès au logement, à l’emploi, aux soins, et donc à la possibilité d’offrir à leurs enfants des conditions de vie dignes.
Il faut le rappeler : près de la moitié de ces enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Et le phénomène ne cesse de croître. En France, le pourcentage de familles monoparentales est passé de 10 % à 25 % entre 1975 et aujourd’hui.
Les violences intrafamiliales, physiques ou sexuelles, touchent chaque année 373 000 femmes et 200 000 enfants à l’échelle nationale. C’est un fléau de santé publique, mais il n’est toujours pas traité comme tel dans notre société. Les années passent, et les chiffres restent tristement stables.
Des réponses trop vagues face à des besoins immenses
Sur les solutions proposées, nous regrettons un manque de clarté et d’ambition.
S’agissant des familles monoparentales, nous avions demandé une mission d’information et d’évaluation. La majorité a refusé. Pourtant, une telle mission aurait permis de mieux penser des réponses adaptées, notamment en matière de logement.
Actuellement, il n’existe pas de dispositif structurant. Le seul outil mobilisé, le MOIP, attend toujours un premier bilan et une décision de pérennisation. Pour notre groupe, il est urgent d’apporter des réponses concrètes. Nous plaidons notamment pour des solutions d’habitat partagé.
C’est une piste déjà évoquée à plusieurs reprises. Elle répond à une difficulté clé : se loger après une séparation. En 2024, une mission parlementaire a montré que les familles monoparentales sont deux fois plus discriminées dans la recherche de logement qu’une famille biparentale. Aujourd’hui, 40 % des enfants vivant avec leur mère sont logés dans le parc social.
Ailleurs en France, des initiatives existent : logements temporaires pour 6 à 12 mois, avec espaces partagés. C’est une réponse d’urgence, mais utile. Cela fait d’ailleurs partie d’un axe de proposition de loi. Nous proposerons un amendement au budget pour étudier la faisabilité de soutenir ce type d’habitat.
Violence : des plans sans budget, des partenaires en difficulté
Sur les violences, vous présentez un plan en cinq axes. Mais aucun budget n’est mentionné. Pire : les subventions aux Centres de Santé Sexuelle stagnent depuis 2021.
C’est incompréhensible alors que les dépenses de fonctionnement du Département ont augmenté de 11,3 %. Cela revient de fait à réduire le soutien aux structures qui accompagnent les femmes victimes de violences.
Or, ces centres sont majoritairement gérés par le Planning Familial de l’Isère. Une association pionnière, qui joue un rôle essentiel dans la prévention et l’accompagnement. Depuis plusieurs semaines, elle alerte sur ses difficultés à appliquer le Ségur de la santé. Sollicitée, la majorité a opposé une fin de non-recevoir. Pourtant, le Département est le premier financeur de cette structure.
Cette décision pourrait entraîner la fermeture totale ou partielle de certains centres. C’est pourquoi nous avons également proposé un amendement budgétaire pour préserver leur activité.
Un message inquiétant envoyé aux femmes iséroises
Nous avons aujourd’hui la désagréable impression que la majorité dit aux femmes en difficulté :
« Nous voyons l’ampleur de vos difficultés, mais nous ne ferons pas d’effort pour vous aider, et nous réduisons la voilure des partenaires qui vous accompagnent au quotidien ».