Budget primitif 2025. Développement Durable : la majorité perd la boussole, l’intervention de Jérôme Cucarollo

Lors de la séance publique du 28 février 2025, Jérôme Cucarollo est intervenu pour porter la position du groupe IES au sujet de la politique développement durable du département.
Moins de moyens pour la qualité de l’air, la biodiversité et la transition écologique : ce budget prouve que la majorité départementale préfère les effets d’annonce aux actions concrètes. Nous refusons ce renoncement face aux défis environnementaux.
S’il y a bien une chose qui se vérifie en matière d’environnement, c’est qu’il n’y a pas d’écologie sans écologistes. Et dans ce budget, on retrouve clairement les tendances du premier mandat de la majorité.
Petit rappel : dès son premier budget, l’actuelle majorité a divisé par huit la subvention de la Maison de la Nature et de l’Environnement. Elle a aussi réduit de près de quatre fois celle de la FRAPNA Isère, aujourd’hui FNE. Cela a donné le ton.
De la communication, peu de contenu
Concernant ce mandat, en apparence, on pourrait croire que la majorité a enfin compris certaines réalités scientifiques sur le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité.
Mais les faits sont là. Lors des vœux, on nous a présenté la « boussole Isère Durable », un outil de prime abord intéressant. Mais à l’image de vos politiques : sous la surface, il n’y a pas grand-chose.
Pour ce budget, on comprend bien l’image du sécateur. Mais vu les domaines où vous décidez de tailler, on ne peut pas dire que vous ayez la main verte. Vous nous opposerez les montants inscrits. Mais comment vous croire quand on voit le taux de réalisation ridicule du budget environnement et développement durable en 2024 ?
Une liste de renoncements
Les exemples sont nombreux : absence d’ambition sur les Espaces Naturels Sensibles, confusion entre « bio » et « local », fin du pacte territorial, rupture avec Atmo, retrait du registre départemental du cancer…
Lors de la dernière séance publique, nous vous avons donné l’occasion de soutenir l’Agence Bio, l’ADEME, et les agents de l’OFB, autrement appelés police de l’environnement. Vous avez préféré fuir le débat.
C’est regrettable. Cela aurait permis de clarifier une réalité : une droite parlementaire parfois plus écolo que certains écologistes sur le terrain… mais à Paris, systématiquement opposée à toute réglementation environnementale.
S’il y a une image à retenir de ce budget, c’est celle-ci : quand on ne peut plus cacher que la température monte, on casse le thermomètre.
L’abandon d’Atmo, un symbole inquiétant
Atmo mérite qu’on s’y attarde. De nombreuses collectivités baissent leur contribution, c’est regrettable. Mais la majorité, comme souvent, veut faire plus que tout le monde… et décide de rompre purement et simplement son adhésion.
Quand notre groupe s’en étonne, la réponse du vice-président Chriqui tombe : « trop éloigné des compétences du Département ».
Vraiment ? Avec encore 50 % des Isérois exposés à des taux de dioxyde d’azote supérieurs aux seuils OMS, et 100 % pour les particules fines, la pollution de l’air est un enjeu de santé publique. Il concerne toutes les échelles de territoire.
Voici quelques actions concrètes menées par Atmo, avec le soutien du Département :
- Études sur l’impact des pesticides, dioxines et métaux lourds, même en zones rurales ou préservées.
- Évaluation de l’impact de l’ozone sur la biodiversité.
- Mesures dans les collèges et crèches pour la qualité de l’air intérieur.
- Diagnostic et formation pour les personnels de la petite enfance.
- Sensibilisation des animateurs nature sur la pollution locale.
Un besoin d’action, pas d’abandon
Et ce n’est pas tout. Une nouvelle directive européenne sur l’air ambiant a été adoptée fin 2024. Elle nous impose d’agir pour respecter les seuils réglementaires d’ici 2030. Il faut aussi mieux connaître les impacts de polluants non réglementés : PFAS, pesticides, particules ultrafines.
Cela implique d’être proactifs, de développer les connaissances, et d’engager de vraies politiques de réduction.
En conclusion, les enjeux environnementaux et de développement durable exigent une autre ambition que celle affichée dans ce budget. Sous des apparences trompeuses, les décisions prises montrent un désengagement clair.
Il est temps de choisir : se contenter de discours, ou enfin passer aux actes.