Budget : notre proposition pour les travailleurs sociaux est refusée

La protection de l’enfance traverse une crise dans les départements : nombre d’enfants suivis en hausse, difficulté de recrutement, dispositifs saturés. Pour tous les départements, l’été a été particulièrement chargé avec une hausse importante des placements.
En conséquence les délais de prise en charge des mesures, qu’elles soient de prévention par l’assistance éducative ou de placement, s’allongent, à un temps que la majorité n’a pas voulu communiquer malgré nos demandes mais qui est alarmant selon plusieurs remontées de terrain que nous avons. Le budget que vous présentez ce jour est celui d’une augmentation de 10% par rapport au BP 2023, 17 millions de plus, 13 millions de plus pour la prise en charge dans les établissements, et 1 million de plus pour les mesures éducatives AEMO et AED, 3 millions de plus pour les assistantes familiales. Donc la question est : suffira-t-il à désengorger les listes d’attente actuelles?
Les enfants qui sont pris en charge à la protection de l’enfance sont en bout de chaine d’une société malade : de plus en plus de délaissement parental, de troubles mentaux, une précarisation sociale grandissante qui entraîne dans les pires cas de la violence intra-familialle, mais aussi l’inceste dans une société qui doit enfin sortir de l’omerta sur ce sujet.
Dans toute la France et en Isère, on assiste à une hémorragie des professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance. Les conséquences sont multiples : dégradation des conditions de travail quand les établissements en sous-effectif n’ont d’autres choix que de répercuter la charge de travail sur l’équipe en place, parfois même la nécessité de fermer temporairement une unité entière. Autant de difficultés pour les enfants qui font alors face à une baisse de la qualité de la prise en charge ou bien à une rupture de parcours quand leur unité est fermée.
Si le département ne peut pas tout, il peut agir sur la valorisation des métiers de la protection de l’enfance. Le département a appliqué cette année 2023 les revalorisations salariales des personnels socio-éducatifs obligatoires mais nous regrettons que celles-ci n’aient pas été appliquées aux métiers comme les maîtresses de maison ou les veilleurs de nuit qui sont aussi aux contacts des enfants et sont nécessaires au bon fonctionnement d’un établissement. D’autres départements ont fait cet effort. Nous pensons qu’il y a urgence à revaloriser l’attractivité du métier. Notre département ayant été en excédent budgétaire ces trois dernières années, nous avons les moyens de le faire.
Nous souhaitons donc être force de proposition et cet amendement propose une nouvelle extension au travail partenarial effectué avec les formations aux métiers de la protection de l’enfance par la création de bourses d’études pour les étudiants de ces cursus en échange d’un engagement à travailler dans la protection de l’enfance en Isère. En effet, la poursuite d’études est parfois entravée par les difficultés financières rencontrées par les étudiants et cet amendement propose une solution.
Amendement
Proposer 20 bourses d’études pour l’année étudiante 2024-2025 aux étudiants de 2ème et 3ème années préparant un diplôme d’État d’éducateur spécialisé (DEES) ou un diplôme d’État d’assistant de service social (DEASS) avec la contrepartie de s’engager à travailler 3 ans au sein de la protection de l’enfance du département de l’Isère ou dans un établissement ou service médico-social intervenant auprès des enfants dans le cadre de la protection de l’enfance sur le territoire de l’Isère et habilité par le département. Le montant de cette bourse sera de 7 500€/an et par étudiant soit un montant total de 150 000 euros. A l’issue de cette année, une évaluation pourra être portée pour étudier l’extension possible de ces bourses à d’autres champs du médico-social.