Intervention de Pierre-Didier Tchétché – un arbre, un habitant

Un projet inscrit dans la transition écologique
Ce projet s’inscrit dans la politique de transition écologique du Département de l’Isère. Quelle est son ambition et quel est le sens de sa démarche ?
Il s’agit de prendre des mesures fortes pour lutter contre le réchauffement climatique. Sommes-nous réellement à la hauteur des enjeux pour un département comme le nôtre ? Assurément non. Les efforts engagés restent en décalage avec l’ampleur des vulnérabilités et des besoins identifiés sur notre territoire. Cela vaut pour la protection des populations face aux vagues de chaleur, pour la résilience des infrastructures et pour la préservation des écosystèmes.
Le financement de l’adaptation demeure un véritable angle mort dans les documents de planification écologique que vous nous présentez. Il conditionne pourtant la capacité du Département à anticiper et à limiter les impacts du changement climatique sur nos communes.
D’après le CEREMA, le phénomène des îlots de chaleur, fléau lié au dérèglement climatique, est directement associé à la densité urbaine. Le Haut Conseil pour le Climat, dans son 7ᵉ rapport, alerte sur le retard préoccupant des politiques publiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation. Il insiste aussi sur les inégalités sociales face au climat et appelle à une action plus juste et plus inclusive.
Les personnes âgées, les enfants, les personnes en situation de handicap ou en situation de précarité sont les plus fragiles. Elles subissent de plein fouet la hausse des températures en ville.
Lutter contre les îlots de chaleur : des actions urgentes
Selon le CEREMA, la première solution pour réduire les îlots de chaleur est la plantation d’arbres à croissance rapide. L’ombre qu’ils procurent et le phénomène d’évaporation permettent de faire baisser la température dans les rues. La revue The Lancet indique que végétaliser 30 % d’un territoire peut réduire la température moyenne d’environ 0,5 °C. Cette mesure pourrait faire baisser la mortalité liée aux canicules de 30 %.
Le Haut Conseil pour le Climat souligne aussi l’importance d’un accès équitable à des espaces naturels préservés. En France, la moyenne d’espace vert est de 51 m² par habitant. Elle chute pourtant à 3 m² dans certaines communes très urbanisées, ce qui renforce les effets des canicules.
Le volet « cadre de vie » du dispositif 1 arbre, 1 habitant devrait soutenir plus efficacement les collectivités dans cette vaste entreprise. Or, après plusieurs années d’expérimentation, le constat reste sévère. Vous peinez à dépenser le budget alloué, alors que les communes et les intercommunalités de l’Isère manquent de fonds pour financer leurs projets.
Aujourd’hui, vous modifiez pour la troisième fois le règlement du dispositif, et donc son périmètre. Nous gardons peu d’espoir quant à l’atteinte de vos objectifs.
Il est urgent d’encourager les projets dans les territoires urbains les plus denses et d’inclure les intercommunalités, grandes absentes du dispositif. Nous vous invitons à ouvrir le dialogue avec les métropoles et les grandes villes du Département pour participer pleinement à l’adaptation et à la transformation de nos espaces urbains. Les citadins, en particulier les plus fragiles, ont besoin que tous les moyens soient mobilisés pour lutter efficacement contre les vagues de chaleur.
