Débat d’orientation budgétaire 2025 : diversion et procès d’intention

Pris en flagrant délit de contradiction sur les finances du département de l’Isère, Jean-Pierre Barbier a détourné l’attention en accusant notre groupe de populisme après l’arrêt de la procédure de nos deux recours juridiques. Ces actions visaient pourtant à garantir la transparence des décisions et le respect des obligations légales, notamment sur les revalorisations salariales des aides à domicile en Isère. Si une erreur dans le suivi des procédures a empêché leur aboutissement, elles ont néanmoins permis de remettre le conseil départemental dans la légalité pour les aides à domicile et mis en lumière une entrave au droit d’information. Une stratégie de diversion qui interroge sur la bonne tenue du débat budgétaire à venir.
Après avoir dramatisé les coupes budgétaires à venir, Jean-Pierre Barbier a eu du mal à justifier des prévisions financières finalement plus favorables que prévu. Il a alors affirmé que les chiffres communiqués dans le rapport d’orientation budgétaire deux semaines plus tôt étaient déjà obsolètes, provoquant un tollé chez les oppositions, prises de court par ce revirement opportun. Pour détourner l’attention, il a accusé notre groupe de populisme en raison de deux recours juridiques que nous avions déposés mais qui n’iront pas à leur terme. Une manœuvre parfaitement orchestrée par ce professionnel de la politique, qui s’est empressé d’en faire la communication sur les réseaux sociaux.
Le premier recours concernait la non-communication d’un bilan sur le plan climat avant son vote en mars 2022. Malgré nos demandes répétées, Jean-Pierre Barbier avait refusé de nous le transmettre sous prétexte qu’il n’était pas finalisé, n’hésitant pas à s’exprimer ainsi en séance publique : “Mais on refuse pas mais, vous savez, on n’a pas que ça à faire non plus [de vous transmettre les rapports nécessaire au vôte].” Un mois après la séance publique, le bilan nous a enfin été envoyé et surprise : le document avait été finalisé un an auparavant, le prétexte de Jean-Pierre Barbier était donc faux. Nous avons alors compris pourquoi il ne souhaitait pas que nous l’ayons en notre possession lors des débats : nos arguments, rejetés en séance, y trouvaient une parfaite justification. Une manœuvre certes habile, mais illégale et contraire aux principes démocratiques.
Le second recours portait sur la non-compensation par le Département des revalorisations salariales des aides à domicile, pourtant obligatoire. Après un an de demandes infructueuses, nous avons saisi la justice. Un an plus tard, ce recours a poussé le Département à finalement rembourser les associations, confirmant que nous avions raison. Pourtant, Jean-Pierre Barbier nous avait plusieurs fois accusés de populisme et d’avancer des chiffres erronés, alors que nos estimations étaient proches du montant officiel : 1,8 million d’euros.
Alors pourquoi ces recours ont été clos avant leur jugement ? Le tribunal administratif nous a demandé pour ces deux recours de lui répondre dans le délai d’un mois notre maintien de ces requêtes, et nous avons fait l’erreur de ne pas répondre dans ce délai, ce qui a permis au tribunal de décider de notre désistement tacite.
Pourtant, nous voulions aller au bout : le premier recours visait à défendre le droit d’accès à l’information de l’opposition et des citoyens, le second à créer une jurisprudence nationale pour garantir le respect de la loi. Sans les moyens juridiques du président du Département, nous avons manqué d’expérience sur ces procédures, mais cela ne fait que renforcer notre détermination et notre vigilance.
Plutôt que d’assumer ce revirement budgétaire, Jean-Pierre Barbier s’est engouffré dans cette faille pour nous prêter des intentions fausses et décrédibiliser notre démarche. Ironie du sort : nous n’avions pas communiqué sur le premier recours, et il nous offre l’opportunité de le faire et de mettre en lumière des pratiques indignes d’obstruction à l’information. Par ailleurs, nous attendons toujours la transmission du courrier de la Défenseure des droits sur la protection de l’enfance, malgré la demande commune des groupes d’opposition formulée en hémicycle.
Espérons que le débat budgétaire ne sera pas, une fois de plus, parasité par ces artifices politiciens. De telles manœuvres ne servent ni les intérêts des Isérois ni la démocratie ; elles ne font qu’aggraver la défiance des citoyens envers leurs élus.