Budget primitif 2025. Agriculture : sortir de l’ambiguïté pour un véritable soutien au bio et au local, l’intervention de Jérôme Cucarollo

Lors de la séance publique du 28 février 2025, Jérôme Cucarollo est intervenu pour porter la position du groupe IES au sujet de la politique agriculture du département.
Alors que l’agriculture traverse une crise profonde, les choix budgétaires du Département manquent de clarté et d’ambition. Ils peinent à accompagner la transition agroécologique. Le flou sur le bio, les contradictions sur le foncier et le manque de soutien aux exploitations en difficulté en sont les témoins.
Un syndicaliste assassiné, dans le silence général
Difficile de parler agriculture ces jours-ci sans penser à Pierre Alessandri. Il n’était pas isérois, mais corse. Syndicaliste depuis 30 ans dans une organisation locale affiliée à la Confédération paysanne, il militait pour l’agriculture biologique et contre la spéculation sur le foncier agricole.
Il y a dix jours, Pierre Alessandri a été assassiné sur son exploitation. Deux balles dans le dos. Harcelé depuis des années pour son engagement. En France, en 2025, un syndicaliste agricole est tué. Et ce drame est passé sous silence. Ni le ministre de l’Intérieur, ni l’extrême droite – pourtant toujours prompts à commenter les faits divers – n’ont réagi.
Dans une période où tous les repères républicains se brouillent, il est essentiel de dire combien cet événement choque et inquiète.
Une politique départementale affaiblie
Concernant le budget agriculture, rien de nouveau sous le soleil. Depuis que la politique départementale s’intègre au schéma régional, la capacité d’intervention a clairement baissé. Sa qualité aussi.
Le Département reste ambigu sur son soutien à l’agriculture bio ou locale. Le discours sur le « 100 % bio ou local » entretient volontairement la confusion. Aucune distinction claire entre ce qui relève de l’un, de l’autre ou des deux. Pourtant, cette précision est cruciale.
Pire encore, le développement du bio ne semble pas une priorité. En témoignent les cantines des collèges, cantonnées au strict minimum exigé par la loi Égalim. Quand les exploitations traversent une période de difficulté, on se contente souvent de dire : « Laissons faire le marché ».
Des contradictions profondes sur le foncier et l’alimentation
Confusion aussi sur le foncier. Demain, en commission permanente, nous voterons l’extension des périmètres PAEN. Mais dans le même temps, la majorité soutient au niveau national la remise en cause du Zéro Artificialisation Nette. Deux discours opposés.
En tant que grand acheteur public, le Département devrait être exemplaire. Il gagnerait à clarifier ses objectifs d’achat en bio, et à étendre l’ambition du « 100 % bio ou local » à tous les publics dont il a la charge : collèges, EHPAD, MECS.
Une production agricole respectueuse de l’environnement, de qualité, accessible, est une chance. Pour dynamiser l’économie locale. Pour améliorer la santé des Iséroises et Isérois. Qu’ils soient consommateurs ou riverains.
Le devoir d’agir
À la veille de l’ouverture d’un procès historique à Vienne, celui d’une famille iséroise contre Monsanto à propos du glyphosate, l’urgence est là. Elle est sanitaire, sociale, agricole.
Il est temps que le Département prenne ses responsabilités. Il doit soutenir la production agricole locale. Et faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la santé des Iséroises et des Isérois.